samedi 4 août 2007

Un peu de folk (lore)

Quand j’étais gamine, j’attendais avec impatience la fin du mois de juin et le départ en vacances. La route des vacances, avec des jeux inventés pour faire passer le temps (deviner le département sur la plaque d’immatriculation des voitures qui nous dépassaient). Une fois la mediterranée traversée, nous profitions des chaudes soirées d’été en famille, avec toujours en fond sonore des musiques et chansons chantées dans une langue que je ne comprenais pas (encore). Le temps a passé, le pays changé, les personnes aussi. Seules restent ces musiques inoubliables et pleines de souvenirs.

Il y a quelques semaines, au détour d’un reportage télévisé, je suis tombée sur une musique singulière, qui a soudain rappelé un tas de souvenirs, c’était en fait un morceau que j’adorais étant petite. Depuis, cet air me trotte dans la tête, je le chantonne à longueur de journée et le décline sous toutes les formes, chantonné ou tapé sur des djembés de fortune (tableau de bord, coin de table ...).
Cet air, c’est celui de Seif El Battar, de Nass El Ghiwane, groupe marocain, né dans les années 1960 à Casablanca et composé au départ de cinq musiciens : Larbi Batma (décédé en 1998), Omar Sayed, Boujemaa, Alal Yaala et Aziz Tahiri qui sera remplacé par Abderahmane Paco.

Grâce à leurs rythmes puissants, joués à l'aide d'instruments traditionnels, ils ont révolutionné la musique marocaine et le paysage culturel du pays. Leurs paroles reflètent l'ambiance sociale de ces années-là et le profond mal-être d’une société qui n'allait pas tarder à être muselée par des années de plomb castratrices. Leurs concerts étaient des scènes de transes collectives de fans hystériques, sauf que les groupies et jeunettes en Converse étaient remplacées par des moustachus à patte d'éph'. Malgré les années « Les Rolling Stones de l'Afrique » comme l’a dit un jour Martin Scorsese, restent très largement connus au Maroc et ailleurs (ils étaient de passage à l’Olympia le 18 mai dernier).

J’ai longtemps hésité à partager ce qui est pour moi une sorte d’héritage culturel, et ce à cause de la langue et de la longueur des morceaux qui font en moyenne 7 minutes. Ecouter de l’islandais, du gallois, ça ne choque pas l’oreille mais la langue arabe est plus difficile à appréhender. Ce qui me charme le plus, ce ne sont pas les paroles (que je ne comprends que partiellement) mais la musique, avec l’omniprésence du banjo, du bendir et du guembri, sorte de basse, instrument traditionnel au son si caractéristique des gnaouis d’Afrique du Nord. Je ferais un post spécial sur cet instrument que j’apprends à découvrir.

Sur la longue intro de Laayat Aalik, on entend bien le son sourd du guembri très vite rejoint par le banjo et les percussions même si j’avoue que le morceau tourne un peu en rond. Seif El Bettar c’est le contraire, le banjo entre en scène seul et ce n’est qu’au bout d’une minute que le guembri se fait entendre. En ce qui concerne le chant, c’est euh…indescriptible.

Laayat Aalik


Seif El Bettar


Pour les connaisseurs, difficile de parler de Nass El Ghiwane sans parler de Siniya (avec ce timbre de voix inimitable) et Allah Ya Moulana (maintes fois imitée mais jamais égalée).

Siniya


Allah Ya Moulana


C'est sûr qu'à côté des pointures du rock, ils ne font pas le poids. Après tout, à chaque culture ses idoles...