Un peu de folk (lore)
Quand j’étais gamine, j’attendais avec impatience la fin du mois de juin et le départ en vacances. La route des vacances, avec des jeux inventés pour faire passer le temps (deviner le département sur la plaque d’immatriculation des voitures qui nous dépassaient). Une fois la mediterranée traversée, nous profitions des chaudes soirées d’été en famille, avec toujours en fond sonore des musiques et chansons chantées dans une langue que je ne comprenais pas (encore). Le temps a passé, le pays changé, les personnes aussi. Seules restent ces musiques inoubliables et pleines de souvenirs.
Il y a quelques semaines, au détour d’un reportage télévisé, je suis tombée sur une musique singulière, qui a soudain rappelé un tas de souvenirs, c’était en fait un morceau que j’adorais étant petite. Depuis, cet air me trotte dans la tête, je le chantonne à longueur de journée et le décline sous toutes les formes, chantonné ou tapé sur des djembés de fortune (tableau de bord, coin de table ...).
Cet air, c’est celui de Seif El Battar, de Nass El Ghiwane, groupe marocain, né dans les années 1960 à Casablanca et composé au départ de cinq musiciens : Larbi Batma (décédé en 1998), Omar Sayed, Boujemaa, Alal Yaala et Aziz Tahiri qui sera remplacé par Abderahmane Paco.
Grâce à leurs rythmes puissants, joués à l'aide d'instruments traditionnels, ils ont révolutionné la musique marocaine et le paysage culturel du pays. Leurs paroles reflètent l'ambiance sociale de ces années-là et le profond mal-être d’une société qui n'allait pas tarder à être muselée par des années de plomb castratrices. Leurs concerts étaient des scènes de transes collectives de fans hystériques, sauf que les groupies et jeunettes en Converse étaient remplacées par des moustachus à patte d'éph'. Malgré les années « Les Rolling Stones de l'Afrique » comme l’a dit un jour Martin Scorsese, restent très largement connus au Maroc et ailleurs (ils étaient de passage à l’Olympia le 18 mai dernier).
J’ai longtemps hésité à partager ce qui est pour moi une sorte d’héritage culturel, et ce à cause de la langue et de la longueur des morceaux qui font en moyenne 7 minutes. Ecouter de l’islandais, du gallois, ça ne choque pas l’oreille mais la langue arabe est plus difficile à appréhender. Ce qui me charme le plus, ce ne sont pas les paroles (que je ne comprends que partiellement) mais la musique, avec l’omniprésence du banjo, du bendir et du guembri, sorte de basse, instrument traditionnel au son si caractéristique des gnaouis d’Afrique du Nord. Je ferais un post spécial sur cet instrument que j’apprends à découvrir.
Sur la longue intro de Laayat Aalik, on entend bien le son sourd du guembri très vite rejoint par le banjo et les percussions même si j’avoue que le morceau tourne un peu en rond. Seif El Bettar c’est le contraire, le banjo entre en scène seul et ce n’est qu’au bout d’une minute que le guembri se fait entendre. En ce qui concerne le chant, c’est euh…indescriptible.
Laayat Aalik
Seif El Bettar
Pour les connaisseurs, difficile de parler de Nass El Ghiwane sans parler de Siniya (avec ce timbre de voix inimitable) et Allah Ya Moulana (maintes fois imitée mais jamais égalée).
Siniya
Allah Ya Moulana
C'est sûr qu'à côté des pointures du rock, ils ne font pas le poids. Après tout, à chaque culture ses idoles...
12 commentaires:
aaah Kaadi, enfin, je surveile ton blog depuis longtemps! pourquoi ces absences?
La musique est vraiment très jolie, surtout avec le banjo et les voix sont inhabituelles mais belles, on est pas obligé de toujours comprendre ce qu'on écoute non? Par contre, pour "chantonner", ça va être difficile ;D
au moins ce genre de musique, on ne la trouve pas sur tous les blogs
++
Kathleen
Quel plaisir de te relire, Kadi ! Et quelle bonne idée de nous faire partager cette musique ! Surtout en ce jour de canicule (ici en tout cas). Le thé à la menthe n'est pas fourni avec le post ?
Kathleen, mon stage me prend tout mon temps, voilà pourquoi je "m'absente". merci d'être passé par là ;)
Coolbeans, le plaisir est partagé! merci de le rappeler, j'ai oublié de le préciser, avec ce post, tournée de thé à la menthe et narguilé à volonté! :)
J'aime beaucoup, et je ne trouve pas que ce soit plus diffcile à écouter que de l'islandais ! Merci pour cette découverte et à bientôt.
et bien, c'est pas trop tôt! ça t'apprendras à bosser pour Bnp Paribas ;)
j'ai été agréablement surpris (j'aime beaucoup laayat Aalik) mais par contre je te trouve un peu sévère, quand tu dis qu'"à côté des pointures du rock, ils ne font pas le poids", c'est sûr, ce n'est même pas comparable, puisque ce n'est pas le même style! au contraire, je pense qu'ils ont sûrement dû inspirer des artistes occidentaux (dans le reggae notamment).
en tous cas, merci pour ce petit voyage, si tu as d'autres groupes de cette veine à nous faire découvrir, n'hésite pas! et si tu n'as pas le temps, et bien prends le ;)
@ Titi : tout le plaisir est pour moi, c'est bien qu'une personne extérieure me dise que ce n'est pas difficile à écouter, parce que j'ai toujours l'impression que la langue arabe est un peu "violente". Ravie que ça vous plaise :)
@ alexandre : quand j'ai dit ça c'était juste pour relativiser, parce qu'en réalité, je trouve ce groupe carrément génial! mais je ne voulais pas être trop élogieuse. De là à dire qu'ils ont inspiré des artistes occidentaux, je ne sais pas...
Merci Kadi, ça fait du bien d'écouter quelque chose de vraiment différent du reste...
Surtout quand on est coincé au boulot, par un beau week-end (oui même en Bretagne ;)en plein mois d'Août...J'ai un peu l'impression d'être en vacances là :)
Et bien, je suis contente si j'ai réussi à te dépayser un peu, à vot' service mon bon m'sieur!
Happy birthday miss!! en retard, mais bienvenue au club des 22 ans!
hugs,
Kathleen
merci Kathy, à très bientôt!
euh; c'est pas pour revendiquer mais tu ne fais pas de post de rentrée??
Je n'ai pas encore internet chez moi, ça ne saurait tarder ;)
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